Vendredi 16 janvier, dernier jour de tournage de mon documentaire. J'avais dit à Yves il y a plusieurs mois maintenant, qu'il me fallait quelques images de sa vie professionnelle ici, à Thonon. Nous avons donc décidé de faire ça vendredi dernier. Comme je sais exactement ce que je voulais et comment cela allait s'intégrer dans mon montage, je n'allais pas au devant de grandes surprises.
Quelle ne fût pas ma surprise...
Je rejoins Yves à 7h20. Il est pratiquement tout prêt. Il se prépare un petit déjeuner. Je le filme en situation. Juste avant de partir pour son cabinet, il me dit: "je pense avoir quelque chose de bien pour ton film. Je vais faire une visite à domicile chez un monsieur tétraplégique". Honnêtement, je suis peu enchanté. Je n'ai pas envie de sombrer dans une certaine forme de misérabilisme malsain. Mais je sais que ce n'est pas cela qui anime la volonté de Yves. Alors je reste circonspect et je me dis: "Voyons de quoi il s'agit!"
Le tournage au cabinet se passe très bien. J'ai exactement ce que je voulais... Je suis toujours circonspect! Je n'ai pas été habitué à ça. Que me cache c'est agréable tournure des choses?
A midi, Yves et sa femme Michelle m'invitent à manger. Nous parlons un peu du sujet qui nous attend dans l'après-midi: la visite à domicile. J'explique à Yves que je ne veux pas juste montrer une personne dans une situation délicate. Je souhaite voir d'abord, avant de filmer. Et quoi qu'il en soit, il me faut son accord préalable. Yves me rassure et me dit qu'il n'y a pas de soucis.
13h15, nous partons à pieds en direction du domicile de son patient. Nous entrons, Yves explique au Monsieur le pourquoi de ma présence et lui demande s'il est d'accord d'être filmé pour participer au documentaire dont Yves fait l'objet. Le monsieur s'appelle Michaël. Il est là, cloué dans son lit avec un large sourire qui illumine son visage. Il accepte et fait même une plaisanterie pour savoir combien d'argent il va toucher pour sa prestation. Mon attention s'aiguise, je suis sous le charme. Et Yves de commencer en lui demandant comment il va. Michaël ne se laisse pas détourner de son intention et commence à lui demander des choses que je n'aurais pas osé, moi, demander à Yves. Rien d'extraordinaire, des choses simples, MAIS ESSENTIELLES. Je suis transpercé par l'émotion. C'est un instant magique.
Je viens de rencontrer un homme d'une lucidité et d'une intelligence rare. La douleur, l'adversité nous rendent-elles meilleurs comme le pensait Baudelaire?
dimanche 18 janvier 2009
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2 commentaires:
Je ne sais pas se qu'en penserait Baudelaire, mais je trouve dommage de devoir souffrir pour prendre conscience que le bonheur est là, qu'il faut juste faite l'effort de tendre le bras pour le toucher du doigt… Le bonheur, peut être que c'est un peu comme la foi, on y croit ou on y croit pas, à certains moment plus que d'autre, et à d'autre moment, plus du tout… Mais c'est en nous…Là, toujours, au plus profond de nous…
Je suis d'accord avec toi Yann. Mais je ne pense pas qu'il est devenu comme ça de part sa situation dramatique. Aujourd'hui plus qu'hier, simplement il a conscience que la vie est une promesse... Et malgré sa situation, il est heureux de vivre!
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